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Le blog des coureurs à pieds et des marcheurs de Fontenilles...
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13 juillet 2017

Andorra Ultra Trail Vallnord : Célestrail à Ordino du 8 juillet 2017

Résultats du Célestrail : 83 km, 5000m de D+ : 

1er Armando Teixeira en 10H55:35s

257ème moi en 21H21:52s

288ème et dernière : Christelle Borie en 23h26:38s

212 abandons

                        

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Pour mon 1er ultra trail L (distance de 70 à 99 km), j’ai choisi de me lancer un défi de taille : courir en Andorre, ce petit pays de montagnes que Frédéric et moi apprécions beaucoup. Après plus de 8 mois de préparation, je pense être prête physiquement et mentalement mais rien n’est acquis sur ce type de course et je sais que les courses de l’AUTV sont réputées pour être les plus dures d’Europe.

Dans le sas de départ, je suis inquiète, j’ai été malade cette semaine et mon estomac n’est pas complètement rétabli, d’ailleurs j’ai déjà des nausées ce qui n’est pas bon signe.

 L’ambiance est festive, assurée par des bandas, à 23h55, nous avons le droit à un feu d’artifice sous des airs d’opéra puis à minuit, c‘est le départ pour mon aventure andorrane de 83 km, 5000m de D+ sous les acclamations d’un public très chaleureux dans les rues, aux balcons, dans les voitures… C’est magique un tel départ.

Nous commençons par une petite portion de route pour étaler le peloton : 500 traileurs dont environ 70 féminines. Puis nous montons vers Llorts en longeant la rivière sur la route du fer, ancien chemin des mineurs. Au village, après encore plein d’applaudissements, nous quittons la civilisation pour attaquer le dur, la montée à la Coma d’Aubosa : 1200m de D+ sur 10 km. En fait, j’aime bien courir la nuit, c’est la pleine lune et le ballet des frontales dans la montagne est vraiment joli.

Au bout d’1h30 de course, je me décide à manger et là, souci… ça ne passe pas. Je vais faire d’autres vaines tentatives. J’attends donc d’arriver au refuge Joan Canut-Pla d’Estany (2060m) pour avaler un gobelet de coca et ainsi purger mon estomac. Frédéric et les enfants sont montés au refuge et ils me voient vomir à plusieurs reprises, ils sont inquiets mais je leur donne rendez-vous au Coll de la Botella (2047m). J’attaque la montée sévère au refuge de la ComaPedrosa (2367m), je connais bien ce secteur magnifique du parc naturel mais là, je souffre et je me fais copieusement doubler.

J’arrive au refuge en 5h18min20s (20ème km, 2300m D+), je tente de boire un gobelet d’eau, en fait je ne suis pas bien du tout, je ne tiens pas sur mes jambes, je tremble comme une feuille. Une bénévole récupère mes affaires et m’accompagne au dortoir où je vais rester 30 min pour récupérer.

Je me questionne sur mon avenir sur la course : abandonner ou continuer ? Abandonner en haute-montagne pose un problème : il faut tout redescendre à pied et attendre les navettes, ça ne m’emballe pas du tout !! Alors autant continuer vers le passage de crêtes dont Frédéric m’a tant parlé. A 6h, après un gobelet de coca, je repars vers la Portella de Sanfons (2592m). Le jour s’est levé, zut !! J’ai raté le lever du soleil sur ce site majestueux, il faudra que je revienne !! Les vues sur la Comapedrosa (2942m), toit de l’Andorre et sur l’Espagne, sont grandioses, le vent souffle en rafales mais ça me rafraichit.

Au port de Cabus (2302m), je demande à Frédéric de me préparer une poche à eau avec de l’eau plate pour le prochain ravitaillement qui est dans 4 km car je ne supporte pas non plus la boisson énergétique et donc après 1h30 sans rien avaler, j’ai soif. La descente de 3 km dans les prés et la montée le long d’une piste de ski du domaine d’Arinsal m’épuisent, je suis livide quand j’arrive au Coll de la Botella (30ème km, 2800m D+) à 8h27.

 Frédéric ne veut pas que je continue, je lui dis que si j’arrive à m’alimenter, je continue sinon OK j’arrête, je me repose un peu et me force à avaler une tranche de pain et 3 gobelets de coca. De toute façon, j’ai bien conscience que mon aventure va prendre fin à Escaldes-Engordany dans 15 km car j’ai pris beaucoup trop de retard pour passer la barrière horaire de 11h. Sur cette portion relativement facile, je veux profiter de ces montagnes que j’aime tant et au pire Frédéric me récupèrera au 40ème km à Sispony.

Dans la montée au Collada Montaner (2084m), contre toute attente, je me sens mieux, j’arrive à manger une compote et à boire régulièrement, je double même des traileurs et je reprends espoir. Au sommet, il me reste 1h30 pur faire 10 km, je tente le tout pour le tout, c’est un profil quasiment descendant à part quelques vilaines petites côtes raides cachées dans les bois. Je peux le faire alors je mets le turbo et c’est parti !! J’ai beaucoup aimé cette partie où je me suis battue seule comme une lionne contre le chrono.

En arrivant à Escaldes (1050m), j’entends le clocher sonner 11h, j’espère qu’ils ne sont pas trop stricts, je passe devant Caldéa (j’ai mon entrée pour aller buller demain), normalement le gymnase Prat Gran n’est pas très loin mais en ville, ce n’est pas évident de repérer les rubalises, heureusement Frédéric me guide jusqu’à l’entrée et j’arrive à la base vie en 11h07min28s pour 45 km et 3000 m D+.

La bonne nouvelle arrive vite, la barrière horaire est repoussée d’1/2 heure. Ouf !! Je vais pouvoir continuer, je m’avachis sur une chaise pour récupérer, mes 3 hommes s’occupent de la logistique, Frédéric aimerait que je mange du solide, par exemple, un bol de pâtes, je préfère des morceaux de pastèque, du melon vert et du coca !! La pause est plus courte que prévue, pas le temps de changer de tenue. Je repars à 11h17, un gros morceau m’attend et j’ai d’autres barrières horaires à passer…

 Nous pénétrons rapidement dans la réserve de Madriu, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, j’adore cet endroit. La montée au Coll Jovell (1800m) est un mur de 5 km pour 750m de D+. J’y vais progressivement et je remonte également petit à petit dans le classement, je rattrape un couple de français et nous resterons 2 bonnes heures ensemble. Les orages grondent au loin mais pour l’instant, on a juste une petite pluie estivale bien appréciable.

Nous attaquons la descente vers l’agréable site d’Engolasters. Frédéric et Alexis sont venus à ma rencontre, Thomas dort dans la voiture, c’est aussi fatiguant pour les accompagnateurs !! Il est vrai que l’endroit est reposant, propice à la sieste mais je profiterai une autre fois. Un peu avant d’arriver aux Pardines (56ème km), un violent orage s’abat sur notre secteur et je file me mettre à l’abri au ravito.

J’enfile ma veste et le sur-pantalon imperméables avant de repartir seule sous le déluge, avec 50 min d’avance sur la barrière horaire. Le chemin dominant la vallée jusqu’à Canillo est vraiment sympa, je suis bien et j’avance à un bon rythme.

 Entre Canillo (60ème km) et l’Aldosa de Canillo (1620m), j’ai un petit coup de mou, mes jambes commencent à fatiguer dans les zones de rochers. Je croise plusieurs équipes de l’Euforia (ultra de 233 km, 20 000 D+ qui sera gagné par l’ariègeois Nahuel Passerat et l’espagnol Julian Morcillo en 68h49min), on s’encourage mutuellement, félicitations à ces ultra-traileurs de l’extrême.

Au point de contrôle de l’Aldosa (64ème km), la bénévole m’annonce que le parcours est dévié. Pour des raisons de sécurité, nous ne montons pas au Coll d’Arenes. Sur le coup, je suis ravie car j’appréhendais fortement les pentes à 34 % de ce col. On aura les informations au prochain ravito à Armiana.

La grimpette suivante de 2 km au Coll Cauba (1908m) est vraiment difficile, on patauge dans l’eau, la boue. Frédéric m’avait dit de ne pas me mouiller les pieds pour les préserver, c’est raté !!  Au sommet, on voit le ravito juste en face mais il faut faire tout le tour : pourquoi cette impression que les km en Andorre sont plus longs qu’ailleurs !! J’arrive à Armiana (68ème km) à 17h, il fait de nouveau beau après 3 heures d’orage, j’enlève mon équipement de pluie. Le contrôleur m’annonce qu’il reste 12 km au lieu de 15 et qu’à part, une grosse montée de 600m de D+, c’est relativement facile. Je repars avec une sensation de légèreté, en plus c’est super joli dans le coin, il y a des fleurs partout, ça me donne des ailes !!!

1h30 après, au dernier ravito au Coll d’Ordino, je déchante complètement : on me dit qu’il reste 12,5 km, je n’y crois pas, il doit y avoir une erreur !!! En fait, pour compenser les fortes pentes du Coll d’Arenes, on nous allonge le parcours de 6 km et nous basculons sur le circuit retour du Marato dels cims (42,5 km, 3000m D+).  Grrr !! 

Normal, finalement mais sur le coup, j’ai comme un moment de flottement.

Je me ressaisis rapidement et l’objectif maintenant est de finir avant la nuit. Comme nous n’avons pas le profil de cette portion, je ne sais pas ce qui m’attends.

Ce sera 1/3 dur, 1/3 en descente facile et le dernier 1/3 assez costaud où on regrimpe à droite et à gauche !! Pour la dernière descente technique, Frédéric est venu me chercher. Mon cabri de mari me guide mais la fatigue est bien présente.

J’arrive enfin à Ordino, je suis sur un petit nuage, c’est fini, j’ai réussi.

Je termine cette course sauvage et exigeante en 21h21min52s.

 Les nombreux spectateurs m’applaudissent avec ferveur, c’est beau de vivre des moments comme ça.

Valérie, la directrice de course me félicite. En 2009, elle et son mari Gérard Martinez ont eu l’idée de créer l’AUTV. Depuis, leur bébé a bien grandi, c’est devenu une référence mondiale dans la course de montagne, 49 nationalités viennent participer aux 5 courses de l’AUTV.

Je tiens à mon tour à les féliciter et à remercier également les 450 bénévoles et les 75 professionnels au top tout le long du parcours.

Nous reviendrons l’année prochaine pour le 10ème anniversaire et la 3ème participation de Frédéric à la Ronda dels cims (170 km,13 500m D+).

Pour terminer, je voudrais remercier mon mari Frédéric qui m’a entraînée, conseillée, soutenue et qui a grimpé partout dans la montagne avec les enfants, pour venir m’encourager. C’est formidable de partager notre passion de la montagne.

 

Marie

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